mardi 8 avril 2014

Nouvelle passe d'armes entre Netflix et Comcast autour de la neutralité du Net

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Nouvelle passe d'armes entre Netflix et Comcast autour de la neutralité du Net © Netflix
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Si Netflix a accepté, en janvier dernier, de payer Comcast pour que ses abonnés disposent d'un meilleur débit, ce n'est pas de gaieté de cœur. Reed Hastings, PDG de Netflix, l'a rappelé sur son blog, provoquant une réaction officielle de Comcast.
Le câblo-opérateur américain Comcast et le service de streaming vidéo Netflix ont beau avoir signé un accord d'interconnexion fin février, ils n'ont pas enterré la hache de guerre pour autant. Sur le blog officiel de Netflix, le directeur Reed Hastings met les choses au clair : c'est bien à contrecœur que le géant de la vidéo a accepté de signer un chèque à Comcast, "pour préserver l'expérience utilisateur de ses clients". Comcast était jusque là l'un des mauvais élèves américains en terme de débit délivré aux clients de Netflix, malgré sa toute-puissance.
INTERNET "NEUTRE" OU "OUVERT" ?
Il s'agit bien d'un accord "d'interconnexion", et non d'accès prioritaire au détriment d'autres services, a tenu à préciser Reed Hastings. Car Netflix dit défendre un Internet libre et totalement "neutre", pour que les fournisseurs d'accès à internet n'imposent pas leur loi aux fournisseurs de services… là où Comcast évoque simplement un internet "ouvert".
Pour Reed Hastings, si les FAI peuvent obliger les éditeurs à passer à la caisse, c'est parce qu'ils sont en "position dominante", rappelle-t-il. "C'est ce manque de concurrence qui appelle, en réponse, une forte neutralité du Net", juge-t-il. Les FAI devraient fournir une connexion de qualité quel que soit le service choisi par l'internaute. "Lorsqu'un fournisseur vend une connexion 10 ou 50 mega, il doit fournir ce débit, quel que soit le lieu d'où proviennent les données", insiste-t-il.
Mais si Netflix génère à lui seul 30% du trafic internet, n'est-il pas logique qu'il paie une partie des frais de connexion ? Non, répond Reed Hastings. "Le partage des coûts implique le partage des revenus". Même réponse lorsque l'on oppose le déséquilibre des échanges entre FAI et fournisseurs de services – l'argument ultime qui justifierait la mise en place d'un "peering" payant. "Lorsque nous demandons aux FAI si nous serions éligibles au peering gratuit si nous re-modelions notre service pour générer autant d'upload que de download (sur le modèle du peer-to-peer), alors le silence devient gênant", ironise le PDG pour qui "la direction des données (débit ascendant ou descendant) n'a aucun rapport avec le coût".
COMCAST REVENDIQUE LE DROIT DE "GÉRER SES RÉSEAUX"
En réponse à ce réquisitoire, Comcast, qualifié de partisan d'une "faible neutralité du net" par Reed Hastings, réaffirme son engagement pour un "Internet ouvert". Il dit en tout cas se conformer aux règles de l'Open internet" établies par la FCC (Federal communication commission) et même les soutenir, car "elles constituent un équilibre entre protection des consommateurs et droits raisonnables de gestion des réseaux par les FAI". Pour Comcast, le peering n'est pas concerné par une éventuelle législation sur la neutralité du Net. "Les acteurs tels que Netflix ont toujours payé pour l'interconnexion entre leurs services et Internet et disposé de nombreuses options pour s'assurer que leurs clients bénéficiaient d'un service performant", explique le câblo-opérateur. Pour Comcast, l'accord signé avec Netflix est la preuve que le marché peut s'auto-réguler sur ces questions.
Netflix, qui compte accélérer son offensive en Europe cette année, notamment en France, devrait se heurter aux mêmes droits de péage qu'aux Etats-Unis. La question de la neutralité du Net est toujours l'objet de débats au Parlement européen, à quelques semaines des élections.
Sylvain Arnulf

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