mercredi 9 avril 2014

Cinq innovations qui annoncent l’Internet du futur

A lire sur: http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0203393893173-cinq-inventions-qui-peuvent-changer-le-monde-659361.php

Par Benoit Georges et Nicolas Rauline | 24/03 | 18:36 | mis à jour le 25/03 à 12:35

Le forum Netexplo présentera mercredi à Paris 100 innovations numériques venues du monde entier qu’il juge les plus prometteuses. Présentation de 5 des lauréats de l’édition 2014.

En deux décennies à peine, Internet et les technologies numériques ont profondément changé nos sociétés et nos économies. Des médias au commerce, de la santé à l’éducation, des transports à l’énergie, l’onde de choc ne cesse de se faire sentir dans quasiment tous les secteurs. Quels sont les prochains bouleversements à prévoir ? Quelles innovations les entreprises doivent-elles suivre de près, sous peine de se retrouver distancées ? De multiples organismes, think tanks ou cabinet d’études proposent des études ou rapports sur l’avenir du numérique. La démarche de Netexplo est sensiblement différente. Depuis 2007, cet observatoire met en lumière chaque année 100 innovations numériques venues de start-up, de centres de recherche ou d’universités du monde entier, et récompense les 10 jugées les plus prometteuses. La remise des prix aura lieu mercredi à Paris.
Pour sa sélection, Netexplo s’appuie sur la veille d’une vingtaine d’universités prestigieuses (MIT Media Lab aux Etats-Unis, Technion en Israël…) et sur un réseau d’experts internationaux piloté par le chercheur et prospectiviste Joël de Rosnay. Le Forum avait été un des premiers à repérer Twitter (microblogging) et Shazam (reconnaissance de musique) dès 2007, ou encore Siri (assistant vocal) dès 2010, quelques mois avant son acquisition par Apple. Voici une sélection des innovations qui seront présentées cette année.

. Un moteur de recherche pour l’Internet des objets

Shodan permet d\'explorer l\'Internet des objets - DR
Shodan permet d'explorer l'Internet des objets - DR
Feux de signalisation, caméras de surveillance, thermostats… Les objets connectés se multiplient, et leur nombre devrait dépasser les 20 milliards à l’horizon 2020. Mais l’Internet des objets est encore en grande partie invisible. Le moteur de rechercheShodan , lancé en 2009 par l’informaticien américain John Matherly, a été conçu pour l’explorer. A partir de la signature logicielle des appareils, il peut indiquer par exemple les emplacements de tel type de webcam. « Au départ, je voulais créer un moyen d’identifier quels logiciels étaient utilisés sur Internet, explique John Matherly. Je me suis rendu compte que cela permettait aussi d’identifier et de cartographier les objets. » Shodan recense aujourd’hui 450 millions d’appareils. Utilisé par les spécialistes de la sécurité informatique, il peut servir à mettre en évidence les vulnérabilités des objets connectés, et éventuellement à les pirater – ce qui lui a valu des articles alarmistes. Le fondateur du site se défend d’avoir crée un outil pour hackers : « Les personnes malveillantes qui veulent prendre le contrôle d’un objet à distance disposent d’outils bien plus discrets et plus puissants que le mien. »
 

. BRCK, la brique qui veut connecter la planète

BRCK, un boîtier pour se connecter en 3G, 4G ou wi-fi dans n\'importe quel pays - DR
BRCK, un boîtier pour se connecter en 3G, 4G ou wi-fi dans n'importe quel pays - DR
Les deux tiers des habitants du globe ne sont pas encore connectés à Internet, mais les initiatives pour les raccorder se multiplient. Loin des annonces spectaculaires de Google (lancer des ballons dans la stratosphère) ou de Mark Zuckerberg (utiliser des drones alimentés par l’énergie solaire), le projet BRCK a le mérite de la simplicité. Ce boîtier en plastique, de la taille d’une brique (d’où son nom), doit permettre de se connecter en 3G, 4G ou wi-fi dans n’importe quel pays, en s’adaptant automatiquement aux infrastructures locales, et de partager la connexion : une seule carte SIM permet de raccorder 20 appareils à la fois. Muni d’une batterie, il a été pensé pour les pays en développement : c’est une start-up kényane, Ushahidi, qui l’a conçu et développé comme un projet « open source ». Pour se faire connaître, elle a utilisé les mêmes armes que les jeunes pousses de la Silicon Valley : BRCK a récolté 172.000 dollars sur le site de financement participatif Kickstarter.

. Une imprimante pour la peau artificielle

Le projet SkinPrint se concentre sur la fabrication de la peau - DR
Le projet SkinPrint se concentre sur la fabrication de la peau - DR
Que pourrait donner le mariage de l’impression 3D et des biotechnologies ? La question mobilise de nombreuses équipes de chercheurs dans le monde. Car la culture de cellules, et notamment de cellules souches, ne permet pas à elle seule de reconstruire des tissus fonctionnels. D’où l’idée d’utiliser les technologies d’impression pour assembler les cellules cultivées en laboratoire et obtenir ainsi des muscles, des vaisseaux sanguins ou même, à terme, des organes fonctionnels. Le projet SkinPrint , développé par des étudiants néerlandais, se concentre sur la fabrication de la peau, par exemple à destination des grands brûlés ayant besoin d’une greffe.
« Il existe déjà des technologies de peau artificielle, mais la nôtre permettrait de fabriquer de la peau à partir des propres cellules du patient », explique Ingmar van Hengel, chef de l’équipe SkinPrint. L’idée est de prélever un échantillon de peau, d’en isoler les différents types de cellules et de les cultiver séparément avant de les imprimer. Pour l’heure, SkinPrint est encore un projet d’études, et ses inventeurs estiment qu’il faudra probablement deux ans avant d’obtenir une preuve de concept et encore des années avant d’aboutir à une peau implantable.

. Wibbitz transforme le texte en vidéo

Wibbitz a mis au point une technologie permettant de convertir n’importe quel article de presse en vidéo courte - DR
Wibbitz a mis au point une technologie permettant de convertir n’importe quel article de presse en vidéo courte - DR
La publicité vidéo est en plein essor sur Internet. C’est même l’un des seuls segments qui résistent à la crise. Partant de ce constat, la start-up israélienne Wibbitz a mis au point une technologie permettant de convertir n’importe quel article de presse en vidéo courte, d’une à deux minutes. A partir des mots-clefs utilisés dans l’article, Wibbitz va chercher des images, des infographies voire de courtes vidéos dans sa base de données, ajoute un commentaire avec une voix off et met tout cela en forme automatiquement. La société travaille déjà avec une centaine de partenaires, dont « The Guardian », BBC News, le « Huffington Post » ou « Forbes ». Ses fondateurs, les deux jeunes entrepreneurs israéliens Zohar Dayan et Yotam Cohen, affirment tout simplement qu’ils veulent révolutionner un secteur « qui n’a pas changé depuis longtemps. » Et l’information pourrait bien ne pas être la seule touchée : selon eux, la technologie Wibbitz est aussi transposable à l’éducation ou aux services. Ce ne sont pas les seuls à y croire : la start-up a réussi à lever 3 millions de dollars ces derniers mois. Kima Ventures, le fonds des Français Xavier Niel et Jérémie Berrebi, est entré au capital, de même que le fonds hong-kongais Horizons Ventures, qui avait déjà investi dans Facebook, Skype ou Waze.

. Un scanner 3D dans chaque téléphone

L’Institut fédéral de technologie de Zurich (ETH) a développé une solution astucieuse : utiliser les performances des smartphones les plus récents pour les transformer en scanners - DR
L’Institut fédéral de technologie de Zurich (ETH) a développé une solution astucieuse : utiliser les performances des smartphones les plus récents pour les transformer en scanners - DR
Les imprimantes 3D sont à la mode, et commencent à arriver chez les particuliers. Mais les scanners permettant de numériser en trois dimensions sont encore rares et souvent limités à des objets de petite taille. Une équipe de l’Institut fédéral de technologie de Zurich (ETH) a développé une solution astucieuse : utiliser les performances des smartphones les plus récents pour les transformer en scanners. Les images prises par la caméra sont associées aux coordonnées de l’appareil dans l’espace, mesurées grâce à ses capteurs (gyroscopes et accéléromètres). Résultat : il suffit de déplacer le terminal autour d’un objet pour que l’application transforme celui-ci en un fichier 3D, qui peut ensuite être imprimé ou intégré à un logiciel de réalité virtuelle.
« Avec ce système, la taille de l’objet n’est pas une limite, et l’on peut même numériser un visage », explique Marc Pollefeys, professeur à l’ETH. « Le résultat apparaît sur l’écran au fur et à mesure que l’on filme, et l’on peut obtenir un modèle 3D satisfaisant en une minute. » Encore en phase de développement, cette invention brevetée pourrait être commercialisée d’ici à un an.
A NOTER Le forum Netexplo aura lieu à Paris (Unesco) du 26 au 28 mars. La journée du 27 mars se déroulera uniquement en ligne.

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